L’Ardèche est un des rares départements français où l’on peut trouver tous les systèmes de production agricole : grandes cultures, polyculture-élevage, cultures et élevages spécialisés. Cela est à la fois dû à la diversité écologique (différents climats, sols, biodiversités, …) et à la diversité des savoir-faire construits dans l’histoire.
Cela explique que l’Ardèche possède les traces de toutes les grandes périodes qui ont fait l’agriculture moderne : le début de l’agriculture au Néolithique avec la domestication progressive de nombreuses espèces, le développement des techniques culturales et de gestion de l’eau durant l’Antiquité, la culture attelée et le développement de l’élevage au Moyen-Age, la diversification et la rotation des cultures, ainsi que la nutrition minérale des plantes à la Renaissance, le développement de cultures de rente et l’intensification des productions au 19ème siècle, la mécanisation et la chimisation de l’agriculture au 20ème siècle, l’écologisation de l’agriculture au 21ème siècle…
Le récit de l’aventure agricole ardéchoise illustre l’histoire des agricultures du Monde, avec ses ruptures, ses crises et ses évolutions, de la culture sur brûlis à l’agriculture biologique, de l’expérience des paysans à l’expérimentation et à la recherche scientifique (Couderc, Seibel…), de l’économie vivrière à l’économie marchande,…, et avec ses permanences, comme la pensée d’Olivier de Serres ou la pratique agricole, entre art et industrie.
L’Ardèche n’a pas vécu la spécialisation d’autres départements français du 20ème siècle, parce que la mécanisation standard n’y était pas adaptée mais aussi parce que la diversité des productions était une richesse que les agriculteurs ardéchois ont souhaité maintenir. L’Ardèche est ainsi une formidable mosaïque de terroirs, que caractérisent autant les paysages agricoles que la typicité des produits ou l’organisation des producteurs.
L’aventure humaine des filières agricoles ardéchoises montre le lien indéfectible entre le milieu naturel et le paysan, entre le paysan et l’aliment, et entre l’aliment et le mangeur.
Quatre exemples sont révélateurs de cette aventure :
– la vigne et le vin, une aventure collective depuis l’Antiquité ;
– la chèvre et le picodon, un symbole de la production fermière ;
– le châtaignier et la crème de marron, de l’abandon à la reconquête ;
– les vaches et le fin gras du Mézenc, un exemple de dynamique collective de production d’excellence.
Le travail des paysans ardéchois ne se limite pas à nourrir les citoyens-consommateurs. Il crée les émotions qui font du bien : la beauté des paysages, le goût des produits, la convivialité du partage. L’Ardèche fait terroir parce que son agriculture produit du bien commun et du plaisir individuel et collectif.